Mercredi 31 décembre 2008 : L'étape interminable (2) – réveillon du 1er de l'an
(spéciale 115 km – liaison 30 km)
00h00 : Nous sommes toujours dans le col de Tichka et les conditions météo ne s'arrangent pas, la neige commence à tomber. Le seul point positif, c'est que franchir ce col de nuit est un jeu d'enfant car la route est quasi déserte et que nous ne pouvons pas avoir peur du ravin vu qu'on ne le voit pas. Il faut dire que cette route est assez dangereuse en journée du fait de la conduite des marocains et des camions coupant les voies en virages.
La suite de la route s'est très bien passée, nous sommes rassurés par la santé du moteur du Marsu qui, peu de kilomètres après son réveil, a gravi sans soucis le col de Tichka. A la fin de la descente nous bifurquons pour prendre la direction de Tazenakht. La route est maintenant complètement déserte, il ne neige plus, il ne pleut plus. Nous devons être entourées de très beaux paysages mais nous ne pouvons pas en profiter, nous espérons simplement arriver assez tôt au bivouac pour pouvoir au moins dormir 2h – 2h30 avant d'attaquer la piste.
4h30 : Nous arrivons enfin à Foum-Zguid, il nous faut maintenant trouver le bivouac qui se trouve encore à 22 kilomètres de là. N'arrivant pas à Foum-Zguid par la même route que nos petits collègues arrivés la veille, nous perdons du temps à trouver la bonne route pour sortir de la ville avec le road book que nous avons en main. Nous trouvons enfin la bonne piste que nous empruntons sur 12 kilomètres. Il est 5h30 et nous commençons à apercevoir au loin quelques petits points lumineux qui pourraient bien être les lumières du bivouac. Nous quittons cette piste pour suivre le cap 90° comme indiqué sur notre road book. 1 kilomètre à peine plus loin, nous voyons le Marsu se planter dans un bac à sable devant nous, il est trop tard pour nous pour éviter de nous planter aussi. Nous espérons y passer que quelques minutes pour pouvoir aller dormir au moins une petite heure. Nous sortons donc les pelles et plaques de désensablage tout en faisant des signaux lumineux vers les lumières que nous voyons.
Après quelques essais pour sortir le Marsu de ce mauvais pas, nous renonçons car le Marsu est trop lourd. Personne ne voit nos feux, donc personne ne nous vient en aide, il faudra donc sortir les autos seuls. Nous nous concentrons alors sur la Clan que nous sortirons, non sans mal, en plus d'une heure. Le terrain est un peu plus dur à une vingtaine de mètres de là. Nous tentons de sortir la F6 en la tractant avec la Clan. Malheureusement, le terrain est encore trop mou et la Clan a tendance à vouloir s'enfoncer de nouveau sous cet effort. Il fait maintenant jour et nous découvrons que nous sommes au beau milieu d'une immense plaine, étrange sensation. Les lumières du bivouac sont aussi de plus en plus précises, il doit se réveiller doucement.
7h10 : Nous prenons tous ensemble la décision d'aller avec la Clan jusqu'au bivouac et de revenir avec un 4x4 de l'organisation. Lorsque Cyndie et moi arrivons au bivouac à 2km du lieu de plantage du Marsu, tout le monde est réveillé et certains sont déjà au petit-déjeuner.
Nous garons la 4L près d'une tente et nous dirigeons vers la tente principale dans laquelle tout le monde prend le petit-déjeuner. Nous nous adressons à Ludovic, le directeur sportif de l'épreuve. « Bonjour, équipage 101, nous arrivons tout juste de Marrakech et la 201 est encore plantée à 2km de là dans un bac à sable. Est-il possible qu'un 4x4 aille la sortir de là ? » Toute la tablée est stupéfaite… « Mais vous avez dormi ? » Réponse négative de notre part mais nous sommes suffisamment en forme et éveillés pour ne pas dormir. « Vous prenez quand même le départ de la spéciale prévu dans 45 minutes ? ». « Affirmatif, nous sommes en forme ».
Accompagnés du mécano de l'orga et d'un des chauffeurs d'un pick-up, nous nous dirigeons vers la F6. Nous retrouvons Laurent et Véronique au bout de 5 minutes, toujours dans la même galère. Il ne reste plus qu'à attacher la F6 au pick-up et le Marsu est sorti en 1 minute. C'est malheureux quand même d'y avoir passé autant de temps. Résultat : c'est définitif, nous ne dormirons pas.
Nous sommes de retour au bivouac vers 7h30, nous allons prendre le petit-déjeuner et nous sommes assaillis de questions. « C'est vrai que vous avez changé le moteur à Marrakech, trop COOL… !!! ». L'équipe Vrally 4L est aussi un peu surprise, ils ne savaient pas qu'on avait eu un tel souci. Nous assistons au briefing, nous récupérons le road book de la journée. La spéciale du jour nous ramènera au même bivouac. Nous demandons ensuite un peu d'essence aux mécanos de chez Total car la station service de Foum-Zguid était fermée à 4h30, inadmissible. Nous mettons 10L d'essence dans chacune des 2 voitures et Laurent repose la plaque de protection avant du Marsu qui n'avait pas été reposée à Marrakech. Il est tout juste 8h30, nous devons nous mettre dans la file d'attente pour le départ. Nous soufflons un peu, il y a beaucoup d'équipages à partir avant nous, les départs se faisant toutes les minutes.
9h20 : C'est notre tour de prendre le départ, c'est Cyndie qui attaque la première spéciale. Nous prenons la direction de la piste du Dakar en suivant notre road book. Notre compteur de vélo va nous indiquer précisément le kilométrage que nous parcourons et le chronomètre de mon téléphone portable va nous indiquer le temps passé.
Le road book nous indique la traversée d'un oued après seulement 10,350 km de piste. Notre compteur nous indiquant cette distance, nous nous dirigeons vers la gauche pour le franchir. Devant nous, une marche de 50cm, Cyndie pile et la voiture s'arrête avant de tomber. Ouf… !! Je sors rapidement pour pousser la voiture pendant que Cyndie effectue sa marche arrière, l'embrayage chauffe sérieusement mais la voiture est sortie. Ludovic, passant à ce moment avec son 4x4 nous indique que l'oued se traverse un peu plus loin, nous n'imaginons pas qu'une piste est tracée à travers cet oued asséché.
Le Marsu, parti 1 minute après nous, nous rejoint assez vite et nous double. Nous nous apercevons rapidement que les moyennes sur les liaisons sont faibles et que nous sommes déjà en avance sur les différents secteurs. Laurent et Véronique s'en aperçoivent aussi et ralentissent à leur tour. Nous pouvons donc nous arrêter régulièrement pour faire des pauses pipi et photos. A voir nos têtes nous n'étions quand même pas très frais, nous étions debout depuis 28 heures.
Plus loin sur la piste du Dakar, au sommet d'une petite colline, nous découvrons beaucoup d'équipages arrêtés devant un bac à sable. Plusieurs chemins ont déjà été tracés. La Rodéo 5 de Victor est déjà bien plantée, il a voulu tenter d'ouvrir un nouveau chemin mais sans succès. Nous prenons notre ticket pour le passage le plus emprunté puis nous y allons. Comme d'autres équipages, notre 4L ne franchit pas toute la longueur de la difficulté, quelques participants nous aideront à en sortir.
Nous aidons également quelques autres équipages puis nous poursuivons notre route, nous sommes maintenant en retard sur ce secteur. C'est là que nous comprenons toute l'importance des temps indiqués sur les road books, si les moyennes sont très faibles c'est qu'il y a une difficulté. Il faut donc essayer de prendre un peu d'avance en début de secteur au cas où nous perdons du temps ensuite. Mais attention aux check points cachés…
Nous avons parcouru le reste de la spéciale sans soucis particulier. La piste était relativement roulante au début mais plus cassante sur la fin, ce qui nous a valu quelques craintes pour la voiture car elle a tapé plusieurs fois. Cela dit, rien à voir avec le 4L Trophy 2005 que j'ai fait où là nous touchions partout. Là, la voiture est bien préparée et la réhausse très utile, aucun dommage à déplorer. Nous nous inquiétons en revanche pour d'autres équipages partis avec des voitures modernes bien basses (Peugeot 206, Kia Picanto, Dacia Logan, VW Polo).
15h00 : Nous sommes sur la fin de la spéciale car nous rejoignons la route mais nous ne voyons pas le Check Point final. Nous prenons à droite avec d'autres équipages direction Foum-Zguid pour aller faire le plein d'essence en ville. On croise d'autres équipages nous indiquant qu'il fallait aller à gauche à la route pour aller pointer au Check Point de fin de spéciale. Nous y retournons donc en urgence, nous pointons en ayant perdu plus de 30 minutes dans l'affaire. Nous retournons ensuite à Foum-Zguid pour faire cette fois-ci le plein d'essence, nous remplissons également notre jerrican de 20 litres car les 2 prochains jours c'est l'étape marathon.
16h30 : Nous arrivons au bivouac après avoir emprunté la même route qu'à 5h30 du matin mais en ayant fait attention de ne pas nous planter au même endroit. Nous plantons notre tente. Cyndie commence à ne pas aller très bien, elle va se reposer pendant que je vais prendre une douche froide dans le camion réservé à cet effet. Après 36 heures debout, je vais aussi me reposer un peu.
19h00 : Nous allons aux nouvelles. Le Marsu n'est pas encore arrivé et il fait maintenant bien nuit. Nous espérons qu'ils n'ont pas eu de problèmes de moteur. De nombreux équipages ne sont pas encore arrivés donc cela nous rassure un peu. Nous retournons nous reposer un moment.
21h00 : Cyndie va de moins en moins bien, elle a froid et a un gros mal de crâne. Laurent et Véronique sont arrivés il y a une demi-heure environ, ils étaient perdus sur la piste avec d'autres équipages. Nous regagnons la tente principale pour le repas. Au menu de ce repas de réveillon, un Méchoui. La soirée se déroule tranquillement, elle ne restera pas dans nos mémoires pour son organisation mais plutôt pour le lieu dans lequel nous sommes.
Après le repas, nous pouvons aller consulter le classement du jour. Au final, la spéciale de la journée contenait 7 check points mais nous n'en avons passé que 5. Nous prenons donc 100 points de pénalité par CP non validé plus 73 points supplémentaires pour 73 minutes d'écart aux passages des CP. Nous sommes donc classé 11ème au général sur 57 équipages et 8ème dans notre catégorie de véhicules âgés de 10 à 20 ans.
Nous emmenons Cyndie voir le médecin car cela ne va pas mieux après le repas. Nous apprenons qu'elle a fait un début de déshydratation. Elle lui donne quelques médicaments, la garde environ 1 heure en observation et lui conseille de boire plus les prochains jours. Pendant ce temps, nous assistons, depuis le coin du feu, au feu d'artifice que l'organisation a fait tirer pour nous, ça nous rappelle qu'on passe à la nouvelle année, on avait déjà oublié.