Une semaines avant le retour en France
Il y a deux semaines:
Petit repérages internet entre deux gros devoirs à rendre/préparer pour la fac. Quelques véhicules sont mis de côté, avec une petite préférence pour les breaks.
La semaine dernière:
Appel des différents vendeurs. Mon co-piloc' (à la fois co-pilote et coloc, parfaitement bilingue donc parfaitement pratique) est au téléphone.
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Bilan de mi-parcours. Il y a de sacrés tarés en Allemagne.
Entre un type qui nous raccroche au nez dès que nous parlons de la voiture qu'il vend (en fait il ne voulait pas avouer s'en être débarrasser, chose que l'on a pu apprendre après l'avoir appelé d'un autre numéro), un autre prêt à nous laisser sa voiture mais nous souhaitant bonne chance pour rentrer vivant avec, un autre près de Francfort (je vous laisse calculer Berlin-Francfort) qui vend la caisse d'un pote qui divorce et qui a besoin de thune et un dernier tellement surpris que la Trabant revienne à la mode qu'il préfère la garder on a finalement réussi à trouver le bon vendeur.
Il faut dire qu'il nous intriguait le bougre. Impossible à joindre, il était quand même le détenteur de près de la moitié des Trabant mises en vente sur le site que nous consultions.
Au bout de trois essais pour l'avoir au téléphone, le portable de mon co-piloc' se met à sonner. C'était en fait ce cher garagiste qui prenait lui même le temps de nous rappeler
Cinq minutes plus tard, l'affaire était conclue, nous passions le Jeudi, tombions amoureux d'une Trabant et il se chargeait de lui faire passer le contrôle technique. Comble du bonheur il nous certifiait avoir un petit stock de break en bon état.
Hyper motivés nous nous couchions avec une seule envie: être jeudi.
Enfin, moi. Car ayant grandi au pied du rideau de fer, mon co-piloc' a une certaine aversion pour ce tout ce qui concerne l'Allemagne de l'Est. Et sécher les cours du jeudi pour aller se paumer à Calau, avouez que pour un Allemand de l'Ouest il y a quand même plus enchanteur comme programme.
Jeudi dernier donc, nous nous levons de bonne heure pour prendre le train régional direction l'Est profond. Nous oublions l'appareil photo. Chose impardonnable car il faisait beau mais chose que nous rattraperons rapidement

Deux heure de train et un changement à Cottbus plus tard, nous voici arrivé en gare (minuscule) de Calau.
Remontant la Karl Marx Strasse nous arrivons une demie heure plus tard au centre ville. Plutôt mignon, il offre un joli contraste avec les petite barre HLM de quatre étage qui nous avaient accueilli à notre descente de train.
Calau 2009: 11h00, jour de marché en centre ville.
Karl Liebnecht Strasse. Strasse der Freundschaft
Après avoir trouvé la Karl Liebknecht Strasse nous croisons la rue de l'Amitié où se trouve normalement le garage que nous cherchons. Dans ce pays très plat, nous n'avons aucun mal à distinguer au loin les petites silhouettes de Trabant et autre Wartburg entassée les une à côté des autres.
A mesure que nous nous approchons, nous sentons monter en nous un formidable sentiment de joie et de découverte d'un inconnu plein de promesses. Au milieu de nulle part, un petit paradis de véhicules de l'Est dévoile doucement ses secrets.
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De magnifique Wartburg(1) couvertes de buée attendent patiemment qu'un amoureux des belles courbes daigne passer un peu de temps à leur refaire une beauté. Des Trabants(2) de toutes les couleurs et garées dans un bordel bien sage s'amusent à s'échanger pièces et fauteuils. Des bus Barkas un peu pataud essais de se faire une place au milieu des mobylettes Simson et motos Mz.
Un vrai musée de l'automobile de l'Est. Les modèles restauré sont d'ailleurs exposé dans un beau bâtiment ouvert au public. Nous décidons d'aller y chercher le gérant de ce joyeux grenier en plein air.
Il n'est pas là. Son "représentant" ne devrait pas tarder à arriver nous informe celui en charge de restaurer motos et mobylettes. Nous décidons de retourner en centre ville déjeuner. Un "petit déjeuner paysan" plus tard (omelette sur pomme de terre à la poêle) nous retournons au garage.
Le "représentant" est là, tranquillement en train de déguster son café sur le siège d'une vielle moto Tatra.
L'accueil est typique de l'Allemagne de l'Est. Phrases brèves, réponses courtes et un peu froides pour un français, mais un certain ton amusé dans la voix et un tutoiement direct achèvent de briser la glace.
Il suffit de parler de Maroc et de 4L pour que notre hôte après nous avoir certifié que la Trabant est un modèle robuste s'amuse à répondre à toutes nos questions par des conseils amusés et autres blagues que seuls ceux qui respectent les vielles voitures et les longs voyages peuvent faire.
Pour la première fois de ma vie, j'entre dans une Trabant. C'est petit et tout semble miniaturisé. L'habitacle sent bon la mode des années 70 et la simplicité. Petit détaille qui tue, les cendriers pour les passagers arrières.
Rapidement l'affaire est conclue. Nous aurons un beau break blanc cassé avec galerie sur le toit, moteur et contrôle technique "neufs".
"_Nous partons pour le désert, peut-on avoir quelques pièces de rechange?
_Je te mets des pièces de rechange.
_Pour le même prix?
_Je te mets des pièces de rechange"
"_Nous partons pour le désert, peut-on avoir des roues de secours?
_Je te mets une roue de secours.
_On sera la seule Trabant si on crève ça va être compliqué.
_Je te mets deux roues de secours et une chambre a air."
"_Vous voulez qu'on vous fasse de la pub pour votre musée?
_Là tu m'intéresses!
_Hop on vous laisse notre flyer de présentation
_J'en parle à mon boss mais c'est déjà oui"
Finalement nous nous quittons en parlant d'Ami 6, des pays où l'on paye en euros et de l'importance du klaxon au Maroc.
On a notre Trabant, un garage qui nous la prépare et une énorme patate.
En gros on va faire 7000km avec ça