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par elsassquatrel » 03 mars 2015, 21:26
Question réponse sur notre raid, pour un de nos sponsors
Comment s’est déroulé la préparation, à partir de quand ?
Cela fait 2 ans, depuis février 2013 au retour de mon 3eme trophy que je travaille sur ce projet.
L’objectif étant de faire participer ma soeur au 4l trophy, ou aux raids motorisés en général, malgré
son handicap. Pendant tout ce temps, tout ne s'est pas déroulé comme prévu, mais nous avons
quand même réalisé une partie du projet. Pour preuve, Nelly est partie et est revenue classée dans le
top 10 !
Pourquoi ce défi ?
Après 3 raids, je sentais bien que ça la démangeait aussi de partir. Or, avec son handicap, beaucoup
lui ont dit que ce n’était pas possible. Seulement voilà, on est un peu têtu dans la famille, on aime
bien prouver aux autres qu'ils ont tort. Grâce à cet entêtement, Nelly a pu faire du vélo, de
l'équitation, et même du wake board avant de se mettre au rally raid.
J'ai aussi voulu prouver que c'était possible de participer à un raid en étant handicapé, en faisant
jouer mes contacts pour la mécanique, les pièces, les financements, etc. Après 3 années de 4l trophy,
j'ai la chance d'avoir développé un petit réseau d'amis fiables, motivés et compétents. C'est en
grande partie grâce à cela que le projet a pu être mis en place avec le résultat qu'on connait.
Quel challenge pour Nelly ?
Il y a eu plusieurs challenges pour Nelly, à commencer par passer son code et son permis, non sans
mal. Permis en poche, elle n'a pu s'entrainer à la conduite, n'ayant pas de véhicule adapté à son
handicap, et ce 2 semaines avant le départ. Elle a du tout apprendre sur le tas, et tout réapprendre
avec la conduite marocaine, la conduite sur piste, avant de tout recommencer pour remonter en
France.
Nelly ne connaissait pas non plus la navigation, la conduite sur neige, sur sable, sur pierre, etc. Mais
elle a su trouver ses marques.
Comment c’est effectué le trajet jusqu’à la Rochelle ?
Par la route, avec une étape à Versailles chez des amis qui partaient aussi pour le raid avec nous. Pas
de gros soucis mis à part quelques frayeurs quand Nelly conduisait.
Le départ ?
Sur le vieux port de la Rochelle, avec un convoi de 47 voitures traversant la ville, après avoir effectué
toutes les vérifications techniques, administratives et médicales. Un beau départ en fanfare, Nelly au
volant, sur le bord de la crise de nerfs tant elle était impatiente.
La 1ère partie jusqu’au bateau ?
Là, ce fut moins joyeux. En effet, après quelques centaines de kilomètres, un constat apparaît,
« Houston nous avons un problème ». Au-dessus de 3000 tours, pas de soucis. Dès que l'on descend
en dessous, un cylindre s'éteint, la voiture fume et consomme de l'eau. On essaye de pousser au plus
loin mais il faut se rendre à l'évidence, le joint de culasse est entrain de nous lâcher. La voiture
s'arrête dans un nuage de liquide de refroidissement vaporisé, sur une aire d'autoroute. Le moral en
prend un coup.
On appelle notre assistance, on dit aux copains d'y aller, qu'on les rattrapera sans trop y croire, et on
attend la dépanneuse. Elle nous emmène dans un garage Renault, non loin de Biscarrosse, où
l'assistance nous dépose à l'hôtel. Après une nuit mitigée, nous appelons le garage pour avoir des
nouvelles : « ha la clio auto ? Bah vous allez la céder pour destruction j'imagine! » Impossible de le
faire avant vendredi (nous sommes lundi) et de plus, la note s'élève à plus de 1000 euros, soit plus
cher que la voiture. Comme dis plus tôt, on est têtu, je décide donc de passer outre le garage de
l'assistance, qui a mieux à faire que de s'occuper de notre petite voiture, et de demander à plusieurs
garages aux alentours. Après quelques heures de téléphone, je trouve « born pièce auto » à
Biscarrosse. Ce n'est pas un garagiste mais un vendeur de pièce auto, qui a été touché par notre
projet, et qui a décidé de nous aider. Le joint de culasse arrive pour le lendemain, et un ami garagiste
accepte de nous le faire en urgence, et pour seulement 350 euros. On signe, ils partent chercher la
voiture chez Renault, et nous n’avons plus qu'à attendre. Pendant toutes ces péripéties,
l'organisation du raid nous a appelée chaque heure pour faire le point, nous rassurer, et nous
informer qu’au pire nous pouvions prendre le bateau suivant pour les rattraper. Le lendemain, à 14h,
la voiture est prête. Nous la récupérons chez le vendeur de pièce. Elle ronronne comme un tigre.
Nous sommes impatients de reprendre la route. Le bateau part le lendemain à 7h30, il y a 1300km
exactement.
La folle course contre la montre s'organise. Mais avant, nous achetons en France et livrons en
Espagne un joint de culasse pour un autre équipage en galère, pour qu'ils puissent eux aussi nous
rejoindre.
On roule toute la nuit, en se relayant, en rivalisant la consommation de la voiture en caféine, et 16h
plus tard, à 6h45, soit 15min avant l'arrivée de nos camarades ayant dormis dans le village de Tarifa
où nous prenons le bateau, l'équipage de elsassquatrel au complet se gare sur le quai, prêt à
embarquer. C'est un concert de klaxon et de félicitations qui nous a maintenu éveillés jusqu'au soir, à
Meknès.
La traversée ?
Elle aussi fut mouvementée, car il y a eu une grosse mer. On a le pied marin Nelly et moi, mais ce
n'est pas le cas de tous les participants. Les voitures ont été baptisées au sel.
Et la suite au Maroc ?
Encore une fois compliquée, en raison de la neige! 80cm à certains endroits, des cols bloqués, la 1ere
étape marathon a été annulée et la nuit sous tente remplacée par une nuit d'hôtel (dans la neige et
par -15°C, on apprécie d'autant plus la chaleur de la cheminée). Il a beaucoup plu, mais cela nous a
permis de voir un désert vert, plein de vie, ce qui de mémoire de marocain n’a pas été vu depuis 80
ans.
Les étapes de piste se sont bien passées, on a même été 2 ème au général a l'étape 4, la seule panne
enregistrée est une durite de direction assistée qui s'est dévissée, et les enjoliveurs qui ont voulu
suivre une autre route. La voiture a étonnamment bien fonctionné, même hors de sa zone de
confort. Que ce soit en franchissement, en bac à sable, elle s'est montrée très agile ! Mais un peu
basse, donc ça frotte un peu beaucoup, merci la tôle de protection de Samson racing team.
Les bivouacs ?
Peu nombreux pour raison météorologique, mais tellement sublimes. Nous avons campé dans une
partie isolée du désert, loin de ville où nous avons pu observer les étoiles dans toute leur splendeur
en dégustant un tajine, fait sur place par un des participants. Bonne ambiance et une bonne nuit
entre les 2 dernières étapes.
Les couacs ?
Le joint de culasse, mais aussi en sortant d'une étape, grosse fuite d'huile rouge. Il s’agit de l'huile de
boite. Grosse panique, nous avons démonté la protection pensant avoir percer la boite auto mais en
fait non, c'était la durite de la direction assistée qui s'était débranchée. Grosse frayeur pour pas
grand chose finalement. Sinon rien d'autre n'est venu troubler notre raid.
Les bons souvenirs ?
Plusieurs nous viennent en tête, c'est dur de faire le tri. Mais voir Nelly traverser seule un bac à sable
et s'en sortir assez facilement est une image qui me fais sourire.
Aussi, après notre traversée de l'Espagne, voir tous les concurrents prendre de nos nouvelles, cela
fait chaud au coeur. Et enfin, lors de la remise des prix à la fin du raid, l'équipage qui a gagné nous a
fait monter sur scène pour nous féliciter, sous les applaudissements généraux.
Le bilan de tout ça, pour vous et aussi Nelly ?
Nelly a je pense bien compris le défi que représente ce genre de raid, ainsi que la raison d’être de la
green day et toutes les actions humanitaires autour qui sont mises en place. Nous avons vu des
villages dans le besoin, vu ces enfants qui ne demandent qu'à aller à l'école mais qui ne peuvent pas
faute d'équipements. Nous avons parlé avec les paysans lors de la green day qui nous ont expliqué
qu'ici avant, il n’y avait rien. Que chaque année, 500 palmiers dattiers représentent beaucoup de
travail, de ressources, et de reconnaissance pour ces villageois qui n'avaient rien.
Pour ma part, le bilan est que même avec une voiture comme celle-ci, on peut aller loin, et que le
raid aventure peut s'ouvrir au handicap. Si la 4l automatique est moitié aussi efficace que la clio dans
le sable, cette 4l va devenir une machine à dévorer les pistes.
Et l’année prochaine ?
Normalement rien de prévu, étant en stage à ce moment-là pour mes cours d'éducateur spécialisé.
Mais qui sait ? Peut-être participer avec la 4l, cette fois.
Ne jamais laisser faire ce que tu peut faire toi même